Lost Memories... [Solomon]

LOST MEMORIES

Pv : Solomon

Le soleil déclinait doucement derrière la ligne d’horizon en cette belle fin de soirée, dessinant de longues ombres sous le couvert des quelques grands arbres. La température restait douce, malgré l’heure de plus en plus tardive et, pour une fois, aucun courant d’air ne venait la rafraîchir. Le ciel avait pris de belles couleurs orangées et était moucheté de quelques tâches roses qu’étaient les rares nuages. La journée, des premières minutes de l’aurore à ce moment, avait été superbe. Du moins, au niveau du temps.
Ce qui plaisait tant à la jeune femme, assise là, à même le sol, c’était que cette fois-ci, ce n’était pas elle la cause de ce merveilleux temps. En effet, ce jour-là, la nature avait décidé d’être en parfaite harmonie avec les envie de l’elfe, si bien que quand elle s’était levée ce matin, elle n’avait même pas eu besoin d’user de son pouvoir. Elle avait d’ailleurs passé une grande partie de sa journée dans la prairie, allongée tranquillement, s’amusant à chasser les nuages cotonneux qui venaient, de temps en temps, troubler l’azur de la voute céleste.

C’était donc là, dans cette même prairie, assise et les jambes repliées contre sa poitrine, qu’Esméralda comptait passer sa soirée. Cette journée avait beau avoir été une de plus belles depuis quelques jours, cela n’avait pas empêché la jeune femme de la classer parmi ces jours sombres où la mélancolie revenait la hanter des heures et des heures durant. En effet, elle avait passé la plupart de son temps à fouiller désespérément, une fois de plus, dans les pauvres souvenirs qu’il lui restait de sa vie d’avant. Enfin des souvenirs… Si on peut nommer de cette façon les quelques images floues qu’elle ne parvenait même pas à identifier. Même pas de sons, juste des images. Même pas d’odeurs, juste des images. Bien entendu, elle n’avait rien pu tirer de cette vaine fouille.
C’est pourquoi, ce soir-là, ses grands yeux mauves étaient brillants de larmes. Depuis quelques heures, des cascades silencieuses ruisselaient ses joues pâles sans qu’elle ne chercha à les retenir. Elle savait que cela aussi, c’était peine perdue.

Au bout d’un moment, elle s’allongea dans l’herbe, juste assez haute pour qu’on ne la remarque pas si l’on venait à passer. Ses longs cheveux noirs s’étalaient autour d’elle, donnant une nuance étrange à la couleur émeraude du sol. Elle croisa ses bras contre sa poitrine, les yeux levés vers le ciel. Déjà, on pouvait apercevoir la pâle silhouette d’un croissant de lune. Bientôt, ce seraient au tour des étoiles, et avec elles, les lumineuses. Esméralda poussa un soupir en essuyant délicatement le tracé humide qu’avaient laissé les larmes sur ses joues. Elle s’essaya à les arrêtée, bien consciente qu’il lui était inutile de pleurer. Ce n’est qu’au bout de plusieurs longues minutes de lutte qu’elle y parvint, aidée par le sommeil qui commençaient à se manifester, bien qu’elle n’ait rien fait de la journée.

Cela faisait longtemps. Très longtemps que Solomon n'était pas revenu ici. Depuis que la guerre avait éclaté en fait.

Il n'avait pas voulu rejoindre cette guéguerre inutile. Il s'était enfoncé dans les terres, vagabondant dans les forêts. Il cherchait son amour également. Ah Esmeralda...

Il revoyait parfaitement son beau visage dans sa tête... et soupira.
La guerre et surtout cet affrontement désastreux avec cette infâme ordure de Braxis lui avait appris à consacrer 60% de son cerveau à la vigilance permanante, limite paranoïa.

La dernière fois qu'il ne l'avait pas fait, ça lui a coûté un oeil.

Et c'est grâce à celui qui reste qu'il vit qu'il était arrivé. Et grâce au dit cerveau qu'il comprit qu'il n'était pas tout seul.

Des pleurs. Qui provenait du sol. Il ne voyait pas de qui il s'agissait de là ou il était. Et sa méfiance le poussait à rester là et à réfléchir avant toute chose.

Mais finalement, il se décida à rompre le silence et à livrer une excuse car elle l'avait probablement entendu. Il n'était pas discret quand il marche

- Heu, excusez moi. Je n'voulais pas vous déranger.

…Et elle aurait certainement sombré dans un sommeil sans rêve si des pas puis une voix ne l’avaient pas sortie de sa torpeur. Ses paupière, alourdies par la fatigue et par les pleurs se levèrent et elle se redressa un peu, histoire de pouvoir voir le nouveau venu. A présent, sa tête dépassait des brins d’herbe. Elle dut cligner plusieurs fois des yeux pour en chasser les derniers restes de larmes avant de pouvoir observer correctement cet inconnu. Ce soit là, elle n’avait pas spécialement envie de compagnie. Pourtant, comme au début de chaque rencontres, une bouffé d’espoir l’envahissait. Peut-être reconnaîtrait-elle enfin quelqu’un !

Elle chercha des yeux, puis finit par tomber sur une grande silhouette à quelques pas d’elle. Elle le dévisagea avec cette manière si particulière qu’elle avait depuis qu’elle avait perdue la mémoire. Un regard de franche curiosité mêlée d’appréhension et d’espoir. Pourtant, une fois son observation terminée, elle dut retenir un soupir désespéré. Une fois de plus, l’inconnu restait u n inconnu. Nul déclic ne se fit dans sa tête, comme ça lui était arrivé une seule fois, quand elle avait retrouvé à son cou le médaillon de sa mère. Seul son visage et le timbre de sa voix lui étaient revenus.

Sa voix trembla légèrement quand elle répondit au jeune homme qui lui faisait face.

« Oh… ce n’est pas grave… »

Esméralda eut la vague impression que l’expression de l’inconnu se modifiait mais elle n’y prêta pas plus attention, détournant la tête pour cacher une nouvelle montée des larmes. Décidément, ce jour était un jour sans. Elle se mordit la lèvre, assez fort pour y creuser une petite marque, puis fit de nouveau face à l’inconnu. Elle posa un regard brillant sur lui puis se releva avec un pauvre sourire. Pour se donner contenance, elle se racla la gorge.

Treize secondes.
Ce sont les treizes secondes qu'il y eut entre les excuses du félithrope borgne et sa stupeur absolue et intense.
Et il y avait de quoi. Même si un nain en robe de soirée avait débarqué pour dire que les instances céléstes avaient déclaré que chaque pêcheurs porterait un nez rouge au jugement dernier, il aurait été moins surpris.

Pour cause, celle qu'il avait sous les yeux, c'était Esmeralda.

Le ciel lui tombait sur la tête. Il ne l'avait plus revu depuis... depuis longtemps. Il avait cru que la guerre l'avait prise vu qu'il n'avait jamais eu de nouvelle. C'était pour le moins miraculeux!

Mais... puisqu'elle l'avait vu... pourquoi agissait-elle comme si elle le connaissait pas?

Il se décida enfin à réagir mais son cerveau ne l'aida guère et il ne put que bafouiller

- Es...Esmeralda?

Il s'interrompit, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées.

- C'est toi... mon amour?

Une hypothèse se fit. Peut être que la guerre avait plongé une partie important de la mi-elfe dans le coma. Il tenta le coup

- Esmeralda... la guerre t'aurait-elle prit ta mémoire? Tu ne te souviens plus de moi? Solomon?

Q

« Non… je ne me souviens pas… Je… Je ne peux pas me souvenir… »

Elle ravala un sanglot puis leva la tête vers Solomon. Sn regard intense brillait de larmes. Elle se mordit une nouvelle fois la lèvre supérieure.
« Je suis… amnésique… »

Sa voix ne fut qu’un souffle que l’air emporta aussi tôt. Ce qu’elle venait de dire, elle le savait. Mais le prononcer était toujours beaucoup plus difficile que de le penser. De nouveau, elle poussa un soupir puis plongea ses yeux dans ceux du jeune homme.
« Désolée… »

Solomon contempla la mi-elfe enfermée dans sa tristesse et lui confirmer qu'elle avait bel et bien été privée de sa mémoire. A ces mots, lui aussi se sentait envahir par un immense désespoir. Son oeil brillait mais il ne pleura pas cependant.

Il alla s'asseoir à côté de la fille qu'il aime et la prit dans ses bras, pour tenter de la réconforter. Au bout d'un moment, il la relâcha et l'embrassa sur le front et lui dit

- Puisque tu ne te souviens de rien, je vais te faire une petite présentation sommaire de ma personne. Je suis Solomon, c'est mon seul et unique appellation vu que j'ai oublié mon vrai patronyme. J'étais un voleur félithrope avant la guerre, on s'est d'ailleurs rencontré dans la ville, dans une taverne. Par la suite on s'est revu puis...bah on est tombé amoureux. On s'est revu souvent mais la guerre nous a séparé, tout comme elle m'a séparé de mon oeil droit...

Il désigna celui ci, devenu laiteux et barré d'une cicatrice. Puis il continua

- Je te promet que je ferais tout pour que tu puisse te souvenir de ta vie passé... l'oubli, c'est la mort, la vraie et je n'ai pas l'intention de te laisser mourir. D'accord?

E

« Je ne sais pas… Je crois… Ce n’est pas possible… »

« Qui suis-je ? »

Il observa Esmeralda tandis qu'elle lui adressait un pâle sourire désolé, suivi bientôt de la réponse qui allait avec. Déja tant de défaitisme, c'est pas bon en temps de guerre.

La guerre lui avait pris sa joie mais pas son espoir. Il espérait toujours que cela cesse et s'il y a un moyen de le faire, il n'hésitera pas.
Et plutôt deux fois qu'une en ce qui concerne la mémoire de sa belle. Il y pense, dès maintenant.

Il eut un maigre sourire puis dit

- Tu sais, avant cette guerre, tu aurait pu l'annoncer à tous, personne ne t'aurait cru. Ils auraient tous dit que c'était impossible. On voit le résultat. Alors la restitution de tes souvenirs, ça me parait beaucoup plus crédible alors je ne vois pas pourquoi cela ne se fera pas.

Puis il répondit à la question soudaine de la belle. Qui était-elle? Il ne savait pas grand chose d'elle paradoxalement. En général, en se voyant, ils oubliaient tous leurs soucis. Mais il tenta de répondre du mieux possible.

- Je ne sais pas vraiment, mon amour. En général, quand on se voyait, on parlait pas vraiment de nos soucis. D'après ce dont je me rappelle, tu n'est pas native de cette île. Tu es une Mi-elfe, descendante d'humain d'ascendance elfique. Et je crois... que tes parents ont été tués par un groupe de bandits. Mais néanmoins tu as été sauvé par un homme, qui est devenu ton tuteur. Mais j'crois qu'il est plus de ce monde non plus. Désolé...

Il s'interrompit... mais oui! Son oeil s'éclaira et il répondit d'une voix plus joyeuse

- Mais oui! Il y a peut être un moyen... enfin plutôt une personne qui pourrait t'aider!

Il s'interrompit, le temps de bien formuler puis continua

- C'est un elfe, un vagabond qui erre dans la partie non envahie du territoire. Anduil Valtiel qu'il s'appelle. On est de bonnes connaissances et il est pas du genre à refuser d'aider quelqu'un. J'ai jamais bien compris en quoi consistait ses pouvoirs, et ça m'impressionne un peu à vrai dire mais... il a entre autre la capacité de voir le passé de ceux qu'il touche. Il a un signe distinctif notable : il a toujours le sourire. C'est un être enjoué, un peu comme si la guerre n'avait pas eu lieu. Il pourra probablement nous aider.

« Pourquoi pas… Je ne sais pas. On peut toujours essayer… »

« Lioël… »

» La tranquilité du matin [ Solomon ]